La Lambada, tube mythique de la fin des années 80, vous vous souvenez ? Enfants des années 90, les trois chorégraphes du Collectif ÈS ont été bercés par l’utopie de l’Union Européenne aux frontières ouvertes. De cette année charnière 1989, le top N°1 en Allemagne en novembre est… la Lambada de Kaoma ! Créé pour être un tube de l’été, le morceau devient un phénomène international, musical, dansé, social et politique ; le monde occidental découvre une nouvelle manière de danser et d’être ensemble. A partir de la corrélation temporelle de ces deux évènements, About Lambada aura vocation à rapprocher les gens comme La Lambada l'aurait fait en 1989. Basée sur son thème musical d'un côté, sa danse de l’autre, la pièce prend la forme de deux trios, chacun avec sa propre vision et sa manière de faire groupe, mais ensemble dans un même espace !
A la genèse de About Lambada se trouve une nécessité d’explorer le théâtre comme un lieu populaire, rassembleur et utopique.
Le Collectif ÈS
« ÈS est une préposition qui signifie En matière de. Elle est toujours suivie d'un pluriel et donc d'une multiplicité, comme celle que nous cherchons dans l'idée du collectif. Prenant la parole comme un groupe où chaque personnalité impliquée est concernée, chacun porteur de son regard et de son approche ; nous appréhendons la création comme une fabrique collective pour proposer des objets issus du nous. Faire le pari que tout objet ou acte créatif soit cosigné à trois. Créer du spectacle vivant, c'est proposer des objets vivants, vus, vécus par des vivants. Ce partage-là, on le cherche à notre façon dans une intensité physique qui pousse nos corps à s'engager, à être habités pleinement. Un désir de développer une empathie physique, d'investir des corps qui communiquent et transpirent le plaisir d'être ensemble. Cette recherche est sans cesse alimentée par nos questionnements autour de la communication, de l'énergie de groupe, de la nécessité pour nous d'un tel fonctionnement et du rôle social qu'il peut jouer. Créer est l'opportunité de se rassembler, d'œuvrer ensemble, de questionner notre rapport à l’autre. »
Une corrélation temporelle entre deux évenements de l'automne 1989:
la chute du mur de Berlin et La Lambada, sans frontières !
Rapprocher les gens comme La Lambada l'a fait en 1989 ?!
La Lambada de Kaoma
La Lambada est d'abord une musique du nord du Brésil décrétée dans les années 70, mixant et modernisant différents styles musicaux de la région des Caraïbes, associée à une danse de couple très sensuelle. En 1988 deux producteurs français découvrent cette musique et cette danse et montent en France un groupe international, Kaoma, pour faire le morceau Lambada. C’est clairement une reprise de Llorando se fue du groupe bolivien Los Kjarkas. La Lambada est donc un acte de plagiat délibéré qui donnera raison à Los Kjarkas après un procès. Ce morceau est monté de toute pièce pour être un tube de l'été réussi jusqu'à l'association publicitaire avec Orangina pour le clip et sa large diffusion radiophonique et télévisuelle. La construction musicale revêt une efficacité dansante toute commerciale mais le succès du groupe doit aussi à l'originalité de la formation instrumentale et au niveau de ses interprètes.
Le succès mondial de la Lambada est sans précédent et symbolise nettement un phénomène de mondialisation. Ce tube plaît immédiatement sur les cinq continents, y compris au Brésil, alors même qu'il promeut un imaginaire utopique et occidental de ce pays : exotisme, plages paradisiaques, jeunesse, métissage social et de couleurs de peaux réussi, innocence et sensualité... Il représente pour les anciens pays du bloc soviétique une ouverture vers le monde occidental rêvé incarnant modernité et liberté ; et pour l'Europe occidentale une ouverture vers des considérations ethniques et culturelles.
La Lambada ouvre un modèle de tube aux sons latinos que l’on retrouve plus tard dans la Macarena ou Despacito. Ces sons sont des modèles types de mondialisation, suivant la même recette de cuisine musicale : clichés, machines à susciter allégresse et chaleur, réussissant encore aujourd'hui à animer toutes sortes de soirées de différents milieux sociaux dans le monde, comme - quoiqu’on en dise - un hymne populaire.
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Distribution complète Pièce interprétée et créée avec Adriano Coletta, Sidonie Duret, Martín Gil, Sophie Lèbre, Jeremy Martinez, Emilie Szikora / Créateur son Wilfrid Haberey / Créateur lumière Rodolphe Martin / Scénographie Collectif ÈS - Rodolphe Martin - Wilfrid Haberey PROD
Regard extérieur : Joan Vercoutere (à la place de Magali Caillet Gajan). Le Collectif ÈS est associé à la Biennale de la Danse, Maison de la danse, Pôle européen de création et Ateliers de la danse de Lyon de 2023 à 2025, Le Rive Gauche – Scène conventionnée d’intérêt national Art et création danse de Saint-Étienne-du-Rouvray de 2022 à 2025. Le Collectif ÈS a reçu le soutien de la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes et de la Région Auvergne-Rhône-Alpes au titre de l’aide aux équipes artistiques. Le Centre chorégraphique national d’Orléans est soutenu par le Ministère de la Culture DRAC Centre-Val de Loire, la Ville d’Orléans, la Région Centre-Val de Loire, le Conseil Départemental du Loiret. Il reçoit l’aide de l’Institut français — Ministère des affaires étrangères pour ses tournées à l’étranger. — Ajouter l’information que le Collectif ÈS est à la direction du CCNO depuis janvier 2025
crédits photos © Amélie Ferrand, Wilfrid Haberey