ETHNIE DE RUSSIE – Les trois tchoum

Après une migration de trois cents kilomètres depuis la plaine de l’Ob inférieur dans l’okroug autonome Iamalo-Nénètse (Grand Nord de la Fédération de Russie), les trois frères du clan Venengo, des Khanty septentrionaux, se sont installés pour l'été dans les montagnes de l’Oural polaire : les hommes font paître le troupeau de plusieurs milliers de rennes dans les estives ventilées et fraîches tandis que les femmes gardent les bébés sous la tente conique (tchoum).

Les Khanty (les anciens Ostyaks) sont un peuple finno-ougrien du nord de la Sibérie occidentale. Avec les Mansi (Vogouls), ils forment un groupe ethnique appelé les Ob-Ougriens, l'un des quarante petits peuples autochtones largement dispersés du nord de la Russie et de la Sibérie. Selon le recensement de 2010, leur population s'élevait à 30 943 personnes. Une minorité des Khanty  - le nom « Khanty » signifie « peuple » ou « homme » en langue khanty - vit encore dans le district autonome de Iamalo-Nénètse (39 %) où Les Trois Tchoum a été réalisé.
 

Pour la première fois, l'intégralité du parcours nomade d'un clan sibérien khanty d'éleveurs de rennes a été filmée...

...Durant trois séjours en 2018, 2021 et 2023 : une trilogie de quatre heures, Le clan khanty Venengo, est en cours de préparation en collaboration avec un musicien, monteur et étalonneur, Arsène Kapikian. Les Trois Tchoum en constitue le premier volet réalisé durant l'estivage.


 

Notes du réalisateur Michel Neyroud - 

Pour moi, tout avait commencé en Oural polaire en juillet 2018, lorsque Ekaterina, ma fixer russe, posa une question fatidique au clan : « Acceptez-vous que Michel séjourne parmi vous, pendant plusieurs semaines ? Il a apporté avec lui un générateur flambant neuf, cent litres d'essence et de précieuses provisions ». En l'absence des hommes à l'alpage, les femmes acquiescèrent : un bébé avait dodeliné de la tête dans la journée, un signe chamanique : « Un étranger allait dormir ce soir sous le tchoum, la tente conique». J'en fus à la fois surpris et soulagé, car j'étais parti à l'aventure avec 270 kg de matériel.
Je m'acquitterai volontiers des tâches dévolues à la tchoumrabonitsa, la travailleuse des travaux ménagers du tchoum : chercher et couper le bois du poyou, des aulnes verts verruqueux, puiser l'eau à la rivière, veiller sur le nourrisson et prêter main-forte au corral, en parallèle de mon travail de documentariste.

 

À suivre dans "UN OEIL SUR LE MONDE"